Stumpen-Herbie – Le Gentleman-Racer

Il n'y a plus personne comme Herbert Müller aujourd'hui. Autrefois, on les appelait des gentlemen drivers, car ils étaient non seulement rapides, mais aussi de véritables sportifs. À l'époque, les manœuvres dangereuses coûtaient des vies humaines, aujourd'hui, elles ne coûtent plus que des points. La fair-play sur la piste était la seule assurance-vie dont disposaient les pilotes dans les années 1960 et 1970, l'époque la plus meurtrière de l'histoire de la course automobile.

Derrière le volant, on trouvait encore des personnalités, pas des athlètes, tout au plus des hédonistes comme James Hunt, qui profitaient pleinement de la vie. Qui sait si elle ne s'arrêtera pas le lendemain ? Même si la conduite de ces bolides exigeait beaucoup plus de force physique et d'endurance qu'aujourd'hui, les pilotes s'accordaient le luxe de ne pas mener une vie ascétique.

Un cigare à la bouche

C'est « Stumpen-Herbie » qui aurait ri le plus fort des dangers du tabagisme. Il avait reçu ce surnom parce qu'il avait toujours un cigare à la bouche. Même dans le cockpit pendant la course, il tirait encore sur son cigare, se souviennent ses compagnons dans le livre « Herbert Müller – alles zu langsam ! » (Herbert Müller – tout est trop lent !).* Ce pilote privé était très apprécié de tous, même s'il était toujours un concurrent redoutable. Mais son caractère sympathique et terre-à-terre ainsi que son sang-froid sont encore légendaires aujourd'hui.

Fort dans toutes les disciplines

Qu'il s'agisse de voitures de course, de prototypes ou de courses d'endurance, peu importe le bolide dans lequel on le mettait, Stumpen-Herbie roulait plus vite que tout le monde. La carrière de Müller a débuté dans les années 1960 dans le monde des voitures de tourisme et des GT, où il s'est rapidement fait remarquer.

L'un des moments forts de sa carrière a été sa double victoire aux 1000 km du Nürburgring (1973 et 1974), aux côtés du Néerlandais Gijs van Lennep dans une Porsche 911 Carrera RSR. Müller a également participé régulièrement aux 24 Heures du Mans, où il a obtenu plusieurs fois d'excellents classements. Mais il n'a jamais remporté la victoire finale. En revanche, il a remporté en 1974 l'Intersérie, l'équivalent européen de la série nord-américaine Can-Am. Ce titre l'a élevé au rang des meilleurs pilotes privés d'Europe.

Une fin tragique

C'est le 24 mai 1981 que « Stumpen-Herbie » franchit le pont de l'arc-en-ciel. Herbert Müller trouve la mort lors de la course des 1000 km du Nürburgring, là où il avait remporté ses plus grands triomphes. Ce fut une surprise totale : dans le premier tour, il est entré en collision à pleine vitesse avec un véhicule de dépannage dont le réservoir était plein. Sa Porsche a pris feu immédiatement après l'accident et il a péri dans les flammes. Ce qui rend cet accident particulièrement tragique, c'est que cela devait être sa dernière course avant de prendre sa « retraite ». Il ne faisait en fait que remplacer un autre pilote.

L'héritage de Müller

Herbert Müller restera dans les mémoires du monde du sport automobile comme l'un des derniers véritables gentlemen drivers, qui vivait et aimait le sport automobile sans prétention ni soif de gloire. Sa mort tragique marque également la fin d'une époque où la passion, le courage et la personnalité caractérisent l'image du pilote de course.

Texte : Jürg Zentner

Photos : Facebook/Herbert Müller

*Herbert Müller – «alles zu langsam!» (Tout va trop lentement !)

Cet ouvrage de 384 pages illustré de 530 photos a été écrit par Jörg-Thomas Födisch et Rainer Rossbach. La préface est signée Marc Surer. ISBN : 978-3-947156-33-7