85 ans de Clay Regazzoni

« Il était incroyablement rapide. Un talent naturel au sens propre du terme. Il se fichait complètement de la position de la voiture ou de ce qu'il devait en faire », dit Niki Lauda à propos de Clay Regazzoni, son coéquipier chez Ferrari. 

Tout a commencé à la fin des années 1960, lorsque le jeune pilote de Formule 2 tessinois a été personnellement découvert par Enzo Ferrari. Le patriarche a donné à Regazzoni la chance de courir pour son équipe de Formule 1 à partir de 1970. « Clay Regazzoni a surtout des valeurs humaines : il parle peu, sourit gentiment et ne râle pas », le complimentait Enzo Ferrari. Le légendaire patriarche n'a sans doute jamais fait de plus grand compliment à un pilote de course. 

Quel triomphe

Regazzoni n'a pas déçu Enzo et s'est classé quatrième dès sa première course. À Monza, le circuit de Ferrari, Regazzoni a remporté sa première victoire en Formule 1. Quel triomphe ! Malheureusement, le week-end de course a été assombri par un tragique accident : Jochen Rindt, candidat au titre de champion du monde, est décédé la veille dans le virage Parabolica lors des essais. 

Duels dramatiques avec son coéquipier Lauda

Le point culminant de la carrière de Clay Regazzoni fut l'année 1974, lorsqu'il mena à nouveau la Scuderia Ferrari au sommet avec son coéquipier Niki Lauda et devint vice-champion du monde. « Clay était le pilote de course playboy dans le vrai sens du terme, celui qui a su allier le beau à la course et au sport », disait de lui Niki Lauda. Avec son coéquipier Lauda, Clay Regazzoni s'est livré à des duels dangereux sur la piste, ce qui lui a coûté sa place chez Ferrari en 1976.

La première victoire pour l'équipe Williams

En 1977, Clay Regazzoni passe à l'équipe Ensign - un échec. Un an plus tard, il tente sa chance avec l'équipe Shadow, avec laquelle il n'obtient pas non plus de podiums. En 1979, les choses avancent à nouveau : Clay Regazzoni est engagé par l'équipe Williams et gagne. « Cette première victoire en GP a probablement été l'événement le plus important de notre histoire en Formule 1. Clay était un gentleman absolu », a déclaré le chef d'équipe Frank Williams.

Accident à Long Beach

En 1980, Regazzoni passe à nouveau chez Ensign. Nouvelle erreur : la quatrième course de la saison de Grand Prix a changé sa vie à jamais. À Long Beach, Regazzoni était en quatrième position lorsque, au point le plus rapide du circuit, la pédale de frein s'est cassée et il a percuté le mur de béton. Regazzoni a pu être rapidement extrait du bolide Ensign détruit, mais il a dû être transporté à l'hôpital St. Mary situé à proximité, souffrant de graves blessures à la tête et à la colonne vertébrale.Les blessures aux vertèbres se sont avérées graves : paraplégie. Regazzoni a passé trois ans à l'hôpital et s'est battu pour revenir à la vie. Le pilote de course allait devoir se déplacer en fauteuil roulant pour le reste de sa vie.

Un homme comme Clay Regazzoni ne se laisse pas freiner pour autant. Bien au contraire. Il a continué à participer aux rallyes les plus difficiles, comme le Paris-Dakar, dans des véhicules aménagés. Seul le cockpit d'une voiture de Formule 1 lui était interdit. Au cours de sa carrière, Clay Regazzoni a disputé 132 Grands Prix, décroché 5 pole positions, 5 victoires, marqué 212 points en championnat du monde et réalisé 15 meilleurs tours. 

Le 15 décembre 2006, Clay Regazzoni est victime d'un accident mortel sur l'autoroute italienne. 

L'« autobau erlebniswelt » à Romanshorn présente dans la Clay Regazzoni Honor Room une exposition permanente sur le légendaire pilote de course tessinois. On peut y voir quelques-unes de ses voitures de course, un ancien véhicule de rallye ainsi que différentes voitures de sport, d'Alfa Romeo à Mercedes en passant par Ferrari, provenant du garage privé de « Clay ». L'exposition rend hommage à la fois à la carrière sportive et à l'engagement social de Clay Regazzoni.

A l'occasion du 10e anniversaire de sa mort, la télévision suisse a consacré un documentaire de grande envergure au sportif tessinois : Clay Regazzoni - Leben am Limit

Texte : Jürg Zentner 

Images: Clay Regazzoni Honor Room